Le dernier tournant du yoga de Mère, d’où elle émerge avec un cri : J’ai marché longtemps-longtemps. Ce n’était qu’un cri tout le temps, comme si l’on m’arrachait tout. C’était tout le problème du monde. Cet Agenda, de plus en plus parsemé de petits cris déchirants ; il ne suffisait pas qu’elle ait trouvé le secret pour elle, il fallait que les autres aussi comprennent, ses propres disciples, ces États enfermés dans leur pouvoir égoïste : Ils n’ont pas la foi !, « elle est vieille, elle est vieille » : une atmosphère de résistance au changement ; « c’est impossible, c’est impossible », de tous les côtés… Il ne faudrait pas perdre une minute, je suis pressée… Il faut, oh ! il faut que le règne du divin vienne… Si tout le bloc russe tournait du bon côté, ce serait un appui formidable ! La victoire est certaine, mais je ne sais pas par quel chemin on passera pour y aller… Il faudrait être accroché, tellement accroché à la Vérité… Ils ne m’écoutent plus. Elle a 93 ans, elle tâtonne dans l’inconnu : Je vois plus clair les yeux fermés que les yeux ouverts, et c’est la vision physique, purement physique, mais un physique qui paraît plus complet. C’est la conscience des cellules qui doit changer, tout le reste suivra tout naturellement ! J’ai l’impression que je suis en route pour découvrir l’illusion qu’il faut détruire pour que la vie physique puisse être ininterrompue : que la mort vient d’une déformation de la conscience. L’écoutera-t-on, la laissera-t-on faire ? Ce n’est qu’une mort violente qui pourrait arrêter la transformation, autrement le corps sait que le travail continuera, continuera… Et ce cri encore : Il y aura un miracle ! Mais lequel, je ne sais pas.
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