Cette fois, Mère a trouvé le « passage », ce qu’elle appelle la nouvelle conscience, celle qui peut nous ouvrir un nouveau monde, autant qu’un premier miroir des eaux brisé par un amphibien, nous a ouvert un nouvel air : Je ne sais pas ce qui se passe, c’est un état de vibration intense, comme des ondes d’une rapidité foudroyante, tellement rapides qu’elles semblent immobiles. Et alors je vais en Amérique, je vais en Europe… Jamais ce corps n’a été si heureux : ces cellules, d’autres cellules, c’était la vie partout, la conscience partout, tous les autres corps étaient lui !… Et toutes nos misères physiologiques s’évanouissent en même temps : C’est comme une dilatation des cellules, les limites s’atténuent, s’effacent, et puis les douleurs s’en vont physiquement. Et ce n’est pas un « autre monde », c’est la terre, notre terre, mais vécue autrement : Comme si on était entré dans un mensonge irréel, et tout disparaît quand on sort de ça, ça n’existe pas ! Et tous les moyens artificiels d’en sortir, y compris le Nirvâna, ça ne vaut rien. LE SALUT EST PHYSIQUE ! C’est là, c’est là. Et tout le reste, y compris la mort, devient vraiment un mensonge – il n’y a pas de disparition ! il n’y a pas « la vie et la mort »… Et tandis qu’elle traverse les parois de notre bocal, c’est tout le monde qui se révolte, y compris l’entourage de Mère, comme sous la pression d’un air nouveau : Un nombre considérable de désirs qu’il meure [le corps de Mère] partout, il y en a partout !… Toute la gamme, depuis les inquiétudes autour, les hâtes que ça finisse, jusqu’aux désirs impatients : enfin libres !… Je voudrais qu’on ne me mette pas dans une boîte, les cellules sont conscientes… Qu’est-ce qui va se passer, je ne sais pas, c’est contraire à toutes les habitudes. Une nouvelle espèce, c’est très contraire à la vieille habitude du monde – est-ce que le monde l’acceptera, ou finira-t-il par la tuer ?
560 pages